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Moelle normale - Cytologie descriptive

La cytologie de la moelle normale est faite d'un grand nombre de cellules qui se répartissent essentiellement en trois lignées :
• lignée granuleuse qui aboutit à la formation des polynucléaires,
• lignée érythroblastique qui aboutit aux globules rouges,
• lignée mégacaryocytaire qui donne les plaquettes. On trouve de plus dans la moelle, en petite quantité, des monocytes, des lymphocytes et des plasmocytes.

La description morphologique qui suit est celle des cellules d’un frottis coloré par la méthode de May-Grundwald-Giemsa

1 – Lignée granuleuse

Comporte 3 types de lignées : neutrophile, éosinophile et basophile.

1. Pour ces 3 lignées les cellules initiales du compartiment prolifératif sont de morphologie identique et sont donc non distinguables. Il s'agit des stades de myéloblaste et de promyélocyte.

• Le myéloblaste est une grande cellule (diamètre d'environ 20 à 25 µ), arrondie mais souvent irrégulière. Le noyau est ovalaire mais lui aussi souvent irrégulier, il occupe la plus grande partie de la cellule (le rapport nucléo-plasmatique est élevé, > 0,75), sa chromatine est très fine et on perçoit bien les nucléoles, plus clairs, souvent bleutés, bien cernés, au nombre de deux ou plus. Le cytoplasme est bleu clair, souvent un peu plus foncé sur les bords. Il contient ou non des granulations qui sont très fines, azurophiles. Il n'est pas nécessaire d'observer ces granulations pour faire le diagnostic de myéloblaste.

• Le Promyélocyte est classiquement plus petit que le myéloblaste, en fait il a souvent une taille supérieure. Le noyau est volumineux, ovalaire, mais le rapport nucléo-plasmatique est inférieur à celui du myéloblaste, le cytoplasme plus abondant. Ce noyau est souvent excentré, avec des condensations, les nucléoles sont moins visibles mais se laissent deviner. Le cytoplasme est bleu-gris et contient d'abondantes granulations qui sont la caractéristique principale de la cellule : mélange de grosses granulations rondes azurophiles, violettes ou rougeâtres et de grains plus fins, marrons ou noirs, déjà neutrophiles. Ces grains peuvent recouvrir le noyau.

2. A partir de ces deux stades la maturation des cellules en trois lignées granuleuses est morphologiquement perceptible et il faut distinguer les cellules selon ces trois lignées. Dans la lignée granuleuse neutrophile on distingue 3 cellules.

• Le myélocyte neutrophile est plus petit que le promyélocyte, son diamètre n'excède pas 20 µ. Le noyau est ovalaire et excentré, en fait il est souvent en demi-lune, son bord arrondi étant plaqué contre la membrane, le rapport nucléo-plasmatique est d'environ 0,5. La chromatine est plus dense, avec apparition de mottes, on ne voit plus de nucléoles. Le cytoplasme est grisâtre, peu coloré. Les granulations sont fines, plus ou moins abondantes, brunes ou beiges, nettement neutrophiles. En fait la morphologie du myélocyte est variable pour une raison qu'il est facile de comprendre : le myélocyte est le stade cellulaire prolifératif des lignées granuleuses, il subit 2 à 3 mitoses successives avant de mûrir en métamyélocyte et polynucléaire. On trouvera donc côte à côte sur le frottis médullaire des myélocytes jeunes (1re mitose- type I) et âgés (3e mitose – type III). Il est évident que les myélocytes de type I auront encore des caractéristiques morphologiques proches des promyélocytes (par leur taille, par un noyau ovalaire à chromatine assez fine, par la persistance de quelques grains azurophiles), alors que les myélocytes de type III auront une morphologie qui les rapproche des métamyélocytes (avec une taille plus petite, un noyau en demi-lune déjà incurvé, des granulations neutrophiles fines).

• Le métamyélocyte neutrophile a un diamètre d'environ 15 µ et un rapport nucléo-plasmatique inférieur à 0,5. Son noyau n'est pas segmenté mais il a une forme incurvée, réniforme. Son bord convexe est souvent proche, sinon tangent, à la membrane cellulaire. La chromatine est dense avec des amas plus foncés. Le cytoplasme est clair, légèrement rosé, beige ou grisâtre selon l'acidité de la coloration. Les granulations sont fines, typiquement neutrophiles. Il est parfois difficile de déterminer quand le noyau commence à s'encocher et à se bilober, ce qui caractérise l'entrée dans le stade du polynucléaire. Le noyau du métamyélocyte a l'aspect d'un haricot, il a donc comme celui-ci un bord convexe régulier et un bord concave dont la dépression centrale est plus ou moins accentuée. Tant que le bord convexe est régulier il s'agit d'un métamyélocyte, lorsque ce bord se déprime, avec l'apparition d'une encoche qui fait face à celle du bord concave, il s'agit d'un polynucléaire bilobé et la cellule doit être classée comme telle.

• Le polynucléaire neutrophile est une cellule de 12 à 15 µ. Il est caractérisé par son noyau segmenté, polylobé, les lobes ont une chromatine dense, en grosses mottes régulières, et sont séparés par des ponts chromatiniens plus ou moins fins, plus ou moins visibles. Le nombre des lobes est variable, avec une moyenne de 3, on trouve dans la moelle des polynucléaires à maturation débutante, bilobés, dont le diagnostic avec le métamyélocyte (stade immédiatement supérieur) n'est pas facile. Le cytoplasme du polynucléaire neutrophile est clair, blanc, beige ou rosé. Il contient un nombre plus ou moins important de granulations très fines, marron clair, en forme de spicules ou de poussières.

3. Dans la lignée granuleuse éosinophile on distingue 3 cellules

• Le myélocyte éosinophile a les mêmes caractéristiques que le myélocyte neutrophile quant à la forme de son noyau, mais la cellule est plus grande, sa taille est habituellement identique à celle du promyélocyte. Il se distingue du myélocyte neutrophile par les granulations qui sont typiquement éosinophiles, sous forme de billes régulièrement arrondies, orange, tassées les unes contre les autres. A ce stade de maturation elles coexistent avec des billes plus immatures, violettes. Quelques grains sont superposés au noyau.

• Le métamyélocyte éosinophile a lui aussi une morphologie nucléaire identique à celle du métamyélocyte neutrophile. Les granulations sont par contre celles de tout éosinophile, grosses, sphériques et orangées, ayant du relief lorsqu'on fait varier la mise au point.

• Le polynucléaire éosinophile n'a généralement que deux lobes, ovalaires, bien réguliers, de taille identique, formant entre eux un angle de 90°. Les grains éosinophiles ont les caractères qui viennent d'être décrits. Assez souvent il existe dans le cytoplasme des plages hyalines, bleutées, sans grains ou des trous sous forme de « billes manquantes ».

• Il n'est pas toujours facile de distinguer exactement les caractéristiques du noyau et de faire la différence entre myélocyte et métamyélocyte éosinophile. Compte tenu du faible pourcentage de ces éléments dans une moelle normale cela n'a guère d'importance et l'on peut tout à fait se contenter de classer les éosinophiles médullaires en polynucléaires et éosinophiles plus jeunes (myélocytes + métamyélocytes). Dans les cas pathologiques (grandes éosinophilies, syndromes myéloprolifératifs avec éosinophilie) la distinction est plus facile et on peut même différencier un stade de promyélocyte éosinophile, sur la grande taille de la cellule et la présence de très gros grains violacés et verdâtres à coté des grains orange.

4. Dans la lignée granuleuse basophile on ne peut différencier habituellement qu'un seul stade car les granulations basophiles sont abondantes, très foncées, presque noires, et recouvrent le noyau empêchant d'en analyser les caractères morphologiques. De plus le noyau du polynucléaire basophile n'est pas franchement polylobé mais grossièrement encoché, en forme de trèfle. Au total la cellule a l'aspect d'une mûre et la taille ne suffit pas à elle seule pour différencier les stades jeunes du stade final de polynucléaire. Pour toutes ces raisons on classe toutes les cellules à gros grains basophiles dans une case unique, celles des « basophiles ». Ici encore dans les rares états pathologiques caractérisés par une basophilie importante il est parfois possible de mieux distinguer le noyau et de différencier les divers stades de maturation de la lignée.

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