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Lignée granuleuse

Ce chapitre sur la ligné granuleuse est divisé en 6 parties :
(le chapitre 4 - Leucémies aiguës myéloïdes a été fractionné en deux pour optimiser le temps de chargement des photos)

1 – Physiologie des polynucléaires

La physiologie des granuleux est plus complexe que celle du globule rouge car elle comporte plus de compartiments de répartition (7 au lieu de 4), ce qui complique l'interprétation d'une modification quantitative des granuleux.

Les deux schémas suivants résument le problème. À partir d'un compartiment des cellules souches (CS) aboutissant à la cellule tête de lignée qu'est le myéloblaste s'ensuit un compartiment de prolifération (CP) fait de promyélocytes et de myélocytes, vient ensuite le compartiment de maturation (CM) fait des métamyélocytes aboutissant au polynucléaire. Jusqu'à ce stade la synthèse médullaire des polynucléaires est identique à celle des globules rouges. C'est à partir de là que les choses diver-gent. Les polynucléaires ne sortent pas de la moelle dès la fin de leur maturation, il existe un stock intramédullaire de polynucléaires (S) qui ne sont libérés dans le sang qu'au fur et à mesure des besoins. L'ensemble de cette séquence dure entre 4 et 7 jours. Une fois passés dans le circuit sanguin les polynucléaires y restent quelques heures avant de traverser la paroi vasculaire par diapédèse pour aller dans le com-partiment tissulaire (CT) et y exercer leur fonction de phagocytose et destruction des bactéries étrangères.

Dans les vaisseaux les polynucléaires se trouvent dans deux états différents, les uns circulent librement dans la lumière vasculaire (PC : polynucléaires circulants), les autres sont collés à la paroi du vaisseau (PM : polynucléaires marginés). C'est le phénomène de la margination. Seuls les polynucléaires circulants sont prélevés et comptabilisés lors d'une numération sanguine. L'équilibre entre ces deux compartiments vasculaires est dynamique, les polynucléaires circulants se collant à la paroi quelques secondes plus tard et les polynucléaires marginés se détachant de la paroi pour se remettre à circuler s'ils n'ont détecté aucune molécule étrangère les incitant à passer dans les tissus et à se diriger par chimiotaxie vers le lieu de prolifération bactérienne. Cet équilibre entre les deux secteurs est mal connu, environ la moitié des polynucléaires sont circulants et les autres marginés, mais il est évident qu'un déséquilibre entre les deux entraine soit une pseudo neutropénie (trop de polynucléaires marginés), soit une pseudo polynucléose (trop de polynucléaires circulants). On connaît quelques causes de modification de cet équilibre, mais pas toutes. Un traitement corticoïde démargine les polynucléaires, une hypermargination s'observe chez 30% des sujets de race noire. À noter que l'existence de ce compartiment marginé et de stocks médullaires de polynucléaires donnent une grande souplesse au système pour mobiliser rapidement des polynucléaires en cas de besoin (infection bactérienne) sans avoir à faire intervenir le processus beaucoup plus long de synthèse médullaire.

Les polynucléaires se divisent en 3 classes qui ont une origine médullaire commune et se distinguent par leurs granulations intracytoplasmiques : neutrophiles, éosinophiles et basophiles. Leur description morphologique a été faite dans le chapitre du sang normal (cf. « Sang normal » → « Cytologie descriptive »).

Tous les polynucléaires, mais surtout les neutrophiles, ont une fonction phagocytaire qu'ils partagent avec une autre cellule sanguine, le monocyte. Les monocytes sont des macrophages (phagocytose des grosses particules) alors que les polynucléaires sont des microphages (phagocytose de fines particules).

Le polynucléaire neutrophile a une activité bactéricide intense. Il se déplace vers l'agent étranger à détruire (bactérie, virus, etc.) par des mouvements amiboïdes (diapédèse). Il est attiré vers lui par les multiples substances sécrétées par l'intrus et se dirige vers lui selon un gradient de concentration croissante de ces substances (chimiotactisme). Il adhère ensuite à cet agent par l'intermédiaire de molécules diverses, les opsonines, qui relient la membrane du polynucléaire à celle de l'agent infectieux. Le neutrophile agit contre l'agent étranger par contact direct ou en l'englobant dans une vacuole (phagosome) dans laquelle il déverse des molécules tueuses dont la plupart agissent par la formation, hautement toxique, de peroxyde d'oxygène (H2O2 ou eau oxygénée). Les granulations des polynucléaires neutrophiles contiennent donc de multiples enzymes dont certains peuvent faire l'objet d'une étude cytochimique (peroxydases, phosphatase alcaline, estérases) qui a un grand intérêt dans le diagnostic et la classification des leucémies.

Les polynucléaires éosinophiles ont une activité bactéricide moindre que les neutrophiles mais jouent un grand rôle dans les allergies et l'immunité parasitaire. Leur activité se situe préférentiellement au niveau de certains tissus : peau, poumon et tube digestif. Ils phagocytent les complexes immuns et s'opposent à l'inflammation allergique, notamment par une activité antagoniste de celle des basophiles (inactivation de l'histamine et de l'héparine). L'éosinophile se fixe sur la membrane des parasites et l'attaque par la libération d'enzymes protéolytiques, notamment oxydatifs.

Les polynucléaires basophiles sont de véritables petites glandes exocrines sécrétant de l'histamine et de l'héparine. Ces protéines jouent un rôle important dans les phénomènes inflammatoires et allergiques (hypersensibilité immédiate), Dans les tissus ils agissent en synergie avec les éosinophiles. Ils ont de nombreuses affinités, notamment morphologiques, avec les mastocytes qui sont des sortes de basophiles fixes, purement tissulaires.

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