Pathologie des monocytes
Physiologie du monocyte
La physiologie du monocyte est grossièrement calquée sur celle du polynucléaire. Comme ce dernier il s'agit d'une cellule phagocytaire qui est fabriquée par la moelle osseuse à partir d'une cellule souche commune. La maturation de la lignée monocytaire est plus courte (3 à 4 jours) que celle des polynucléaires et ne comporte que peu de stades (monoblaste, promonocyte et monocyte). Les aspects morphologiques de ces stades sont si proches qu'on ne les différencie pas et qu'on les compte ensemble dans un myélogramme, dont ils ne constituent pas plus de 5% du total.
Comme les polynucléaires, les monocytes ne sont que de passage dans le sang et y séjournent sous les deux formes, circulantes et marginées, avant de passer dans les tissus. Leur taux dans le sang est de quelques centaines par microlitre, n'excédant pas 1.000. Leur activité biologique s'exerce dans tous les tissus de l'organisme, surtout sous la forme de cellules fixes, les histiocytes. Leur rôle est fondamental dans les processus immunitaires, notamment en phagocytant les antigènes volumineux (les monocytes sont des macrophages) et en les présentant aux lymphocytes.
Morphologie des monocytes
La morphologie du monocyte est décrite dans le chapitre « cytologie descriptive » du « sang normal ». Rappelons que ce sont les plus grandes cellules normales circulant dans le sang et que leur aspect est très polymorphe, notamment celui de leur noyau qui est encoché sans être polylobé. La chromatine du noyau est relativement homogène, de couleur rosée. Le cytoplasme est gris bleu, inhomogène, spumeux. Il ne contient pas de grains bien individualisés mais paraît souvent poussiéreux. Un caractère très particulier du monocyte est de contenir des vacuoles, zones vides arrondies, qui se situent aussi bien sur le noyau que sur le cytoplasme.
Pathologie des monocytes
La pathologie monocytaire peut se diviser en deux chapitres : les augmentations du nombre de monocytes sanguins (monocytoses) et les diminutions (monocytopénies).
1- Les monocytoses
Une monocytose sanguine bénigne, modérée et transitoire, peut s'observer au cours de certaines infections activant le système macrophage, telle que la tuberculose et la leishmaniose (Kala-azar). Dans ce dernier cas le parasite (leishmanie) peut être recherché dans les monocytes tissulaires (histiocytes) par ponction de la moelle osseuse, des ganglions ou de la rate.
Une monocytose transitoire s'observe à la phase de régénération des aplasies médullaires. C'est notamment le cas fréquent lors des chimiothérapies anticancéreuses. La maturation médullaire des monocytes étant plus courte que celle des polynucléaires, ils apparaissent dans le sang plus précocement, en une « vague » monocytaire qui précède de 2 ou 3 jours le retour des polynucléaires.
Les leucémies à monocytes forment un chapitre plus complexe. Elles peuvent être aiguës ou chroniques.
Les leucémies monocytaires aiguës peuvent être pures (leucémie aiguë monoblastique), ou mixtes (leucémie aiguë myélo-monocytaire). Elles ont été décrites dans le chapitre des leucémies aiguës granuleuses (voir « lignée granuleuse » → « leucémies aiguës granuleuses »). Nous ne ferons ici qu'en rappeler les caractéristiques principales.
• La leucémie aiguë monoblastique (LAM 5 de l'ancienne classification FAB) est une prolifération pure de monoblastes. Ceux-ci sont les blastes les plus volumineux de toutes les leucémies aiguës.
• La leucémie aiguë myélo-monocytaire (LAM 4 de l'ancienne classification FAB) est une leucémie touchant la cellule souche commune des deux lignées granuleuses (polynucléaires et monocytes). Elle se traduit donc par une prolifération mixte de myéloblastes et de monocytes, plus ou moins dystrophiques, que l'on retrouve en grande quantité dans le sang.
La prolifération monocytaire est alors souvent d'aspect morphologique plus jeune (monoblastes) dans la moelle que dans le sang.
La leucémie monocytaire chronique est une forme particulière de myélodysplasie qui est détaillée dans le chapitre correspondant (voir « lignée granuleuse » → « myélodysplasies »). Il s'agit de la leucémie myélo-monocytaire chronique (LMMC) dont nous ne ferons ici que rappeler les caractéristiques principales. On retrouve dans cette maladie toutes les particularités des myélodysplasies : anémie centrale avec anomalies morphologiques des globules rouges, polynucléaires monolobés et dégranulés, myélémie modérée avec quelques blastes, mais le fait marquant est la forte augmentation des monocytes (nettement supérieure à 1.000/µl) ayant un aspect morphologique normal ou peu dystrophique, du moins dans le sang.
2 - Les monocytopénies
Une monocytopénie s'observe dans une circonstance, la leucémie à tricholeucocytes. Cette maladie a été décrite dans le chapitre « lymphocytes » des « sangs pathologiques ». On apportera cependant ici quelques précisions. La monocytopénie est absolue, aucun monocyte n'est retrouvé dans le sang.
Les tricholeucocytes apparaissent dans le sang comme des cellules de morphologie lymphoïde mais chevelues ou comme de grandes cellules réticulaires lisses.
À l'état frais la cellule est nettement chevelue. En immunomarquage elle possède des antigènes de surface de type lymphoïde et des antigènes spécifiques. Mais curieusement cette cellule a une fonction phagocytaire, on peut, comme le prouve la photographie suivante, lui faire phagocyter des particules de latex. Doit-on en conclure sa nature monocytaire et expliquer ainsi la disparition des monocytes sanguins, rien n'est moins sûr.
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