Sang normal - Cytologie descriptive
Les cellules circulantes du sang normal sont de trois types : les globules rouges ou hématies, les globules blancs ou leucocytes et les plaquettes. La description morphologique qui suit est celle des cellules d'un frottis coloré par la méthode de May-Grundwald-Giemsa.
1 – Les hématies
Les hématies ont un rôle fondamental dans l'hématose, elles apportent aux tissus l'oxygène nécessaire à leur métabolisme et les débarrassent de leur gaz carbonique. Les globules rouges ont la forme d'un disque aplati, renflé à sa périphérie. De profil ils ressemblent à un pneu. Leur diamètre est d'environ 7µ et leur volume de 90µ3. Il existe sur la lame colorée de sang une certaine anisocytose due notamment au fait que les hématies jeunes (qui viennent de sortir de la moelle osseuse) ont un volume plus important. La couleur des hématies est habituellement légèrement pourpre, plus pâle au centre.
Les hématies constituent pour le biologiste qui doit interpréter les images qu'il observe, une sorte de « diapason » : d'une part leur diamètre constitue l'élément de comparaison pour estimer la taille des autres cellules sanguines (leucocytes et plaquettes), d'autre part leur couleur permet d'évaluer celle des autres éléments sanguins. Si cette couleur tire trop sur le rouge on ne verra guère les cellules basophiles, à l'inverse une couleur des hématies tirant trop sur le bleu rendra peu lisibles les cellules éosinophiles.
2 – Les leucocytes
L'ensemble des leucocytes du sang contribue à la défense de l'organisme contre les agressions extérieures (microbes, virus et antigènes divers). Il existe deux catégories de leucocytes : les polynucléaires et monocytes d'une part, les lymphocytes d'autre part. Les uns sont fabriqués par la moelle osseuse (polynucléaires et monocytes), les autres par le tissu lymphatique (lymphocytes).
Les polynucléaires ont une fonction phagocytaire (microphagocytes) et se divisent en 3 types de cellules, dénommés d'après l'aspect des granulations qu'ils contiennent : neutrophiles, éosinophiles et basophiles.
Les polynucléaires neutrophiles sont de loin les plus nombreux. Leur diamètre est d'environ 15µ, leur noyau est polylobé (d'ou leur nom de polynucléaire) et compte habituellement 3 lobes. La chromatine du noyau est hétérogène faite de masses denses et sombres séparées par des zones plus claires. Les granulations sont dispersées, noires mais très fines, ponctiformes. Le fond du cytoplasme est très clair, rosé ou blanc.
Les polynucléaires éosinophiles ont à peu près la même taille. Leur noyau est le plus souvent bilobé avec une chromatine moins dense que celle des granuleux neutrophiles. Leur caractéristique principale est dans les granulations, celles ci sont bien individualisées, rondes comme des billes, tassées les unes contre les autres, habituellement de couleur rose orangée (mais la coloration varie en fonction du Ph du colorant utilisé). Il est très fréquent d'observer des petits trous ronds dans le cytoplasme, en effet les granulations des polynucléaires éosinophiles contiennent de puissants enzymes protéolytiques qui, lors de l'étalement du sang avant coloration, peuvent être libérés par l'éclatement de certains grains et digèrent un peu de cytoplasme alentour, la granulation laisse un trou et apparaît ainsi en négatif. Cette lyse cytoplasmique peut être plus importante et laisser des zones hyalines dépourvues de toute granulation.
Les polynucléaires basophiles sont très peu nombreux. On peut ne pas en rencontrer sur une lame de sang colorée. Le terme de polynucléaire n'est pas bien adapté pour les basophiles car le noyau n'est presque jamais visible, caché qu'il est sous de grosses granulations pourpres, presque noires, irrégulières et grossières qui recouvrent toute la cellule. Ces gros grains donnent à la cellule l'aspect d'une mûre. Les granulations du basophile contiennent de l'histamine.
Les monocytes sont, comme les polynucléaires, des cellules phagocytaires issues d'une même lignée de la moelle osseuse. Ils phagocytent de grosses particules et sont donc dénommés « macrophages ». Ils jouent un rôle essentiel dans le premier stade d'une réaction immunitaire mettant en jeu les lymphocytes. Les monocytes sont les plus grandes cellules normales circulant dans le sang, leur taille peut être supérieure à 20µ. Leur aspect est très polymorphe, notamment leur noyau encoché mais non polylobé, souvent comme déchiqueté, aux formes tarabiscotées, il n'y a pas un noyau de monocyte qui ressemble à un autre. La chromatine du noyau ne comporte pas de masses denses comme celle du polynucléaire, elle est relativement homogène, de couleur rosée. Le cytoplasme est gris bleu, inhomogène, spumeux. Il ne contient pas de grains sinon quelques uns, de diverses tailles, fins ou grossiers. Un caractère très particulier du monocyte est de contenir des vacuoles, zones vides arrondies, qui se situent aussi bien sur le noyau que sur le cytoplasme.
Les lymphocytes sont les cellules immunitaires par excellence, représentant environ 1/3 des leucocytes sanguins. Il en existe de deux tailles et de deux aspects différents, les petits et les grands lymphocytes, mais cette distinction n'a guère d'intérêt pratique car les activités biologiques très diversifiées des lymphocytes ne sont pas corrélées à leur aspect morphologique.
Les petits lymphocytes ont un diamètre qui n'excède que peu celui du globule rouge. Leur cytoplasme est peu abondant, réduit à une collerette bleuâtre autour du noyau ou à un pôle de celui-ci et ne contient pas de granulation. Le noyau occupe donc presque toute la surface de la cellule. Il est dense, très foncé, fait de grosses mottes de chromatine. Il est rond ou encoché prenant alors la forme d'un grain de café.
Les grands lymphocytes ont à peu près la même taille que le polynucléaire. Leur cytoplasme est bleuté, pour la plupart vide de granulation. Le noyau, arrondi ou quadrangulaire, est inhomogène et plus clair que celui du petit lymphocyte. Le cytoplasme d'un faible pourcentage de grands lymphocytes contient des granulations. Celles-ci sont soit deux ou trois gros grains ronds de couleur violette, soit une dizaine de fines granulations azurophiles.
Certains lymphocytes (de type B) peuvent se transformer en plasmocytes. Ceci se produit dans le tissu lymphoïde (ganglions) et normalement il n'y a pas de plasmocytes circulants. On peut cependant en rencontrer et nous les décrirons ici. Le plasmocyte a des caractéristiques très spécifiques qui le rendent reconnaissable entre tous. C'est une cellule oblongue, en forme d'huître, arrondie à une extrémité et pointue à l'autre, de 15 à 20 µ de diamètre. Son noyau est ovalaire situé au pôle arrondi de la cellule, formant avec l'axe de celle-ci un angle de 90°, à chromatine en grosses mottes irrégulières, en écaille de tortue. Le cytoplasme est habituellement abondant, très bleu, d'aspect volontiers spumeux, voire vacuolisé, avec un archoplasme très net, zone claire située contre le noyau. De nombreuses variantes morphologiques existent mais tous les plasmocytes ont en commun l'hyperbasophilie du cytoplasme et l'excentration du noyau.
3 – Les plaquettes
Les plaquettes sanguines jouent un rôle essentiel dans l'hémostase. Elles proviennent de la fragmentation du cytoplasme des mégacaryocytes médullaires. Ce sont des petits éléments de 2 ou 3µ de diamètre, arrondis ou triangulaires, sans noyau, contenant de fines granulations rosâtres. Elles peuvent être isolées sur la lame colorée ou en amas, car elles ont une tendance à l'agrégation. Dans ce dernier cas il faut savoir les rechercher sur les bords de la lame ou en queue de frottis.
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